À propos — Cosme Sorel
Chroniqueur des machines qui refusent de crever.
Je m'appelle Cosme Sorel. Je fouille les brocantes numériques, les placards oubliés et les souvenirs glitchés d'une époque où la technologie n'était pas encore un produit d'hygiène.
Avant que les téléphones soient des rectangles polis qui disent merci de patienter, avant que tout devienne « fluide », « simple », « intuitif » — et complètement aseptisé. Avant que chaque objet tech ressemble à un galet lisse sans aspérités.
Je parle d'un temps où la tech cherchait, tâtonnait, se plantait avec panache. Où le design était une promesse, pas un consensus mou validé par douze comités qui préfèrent être moyens plutôt que de risquer quoi que ce soit. Où les objets avaient des angles qui te blessaient, des boutons trop gros qui claquaient, des couleurs injustifiables, des idées magnifiques… et parfois catastrophiques. Bref : l'époque où la technologie osait être imparfaite.
Ce que j'écris ici, ce sont des portraits d'objets qui ont osé exister fort. Des autopsies sans complaisance, mais avec tendresse. Des enquêtes sur des machines qui ont façonné notre imaginaire, notre rapport au futur — et qu'on a abandonnées dès que la Silicon Valley a décidé que tout devait disparaître derrière l'interface.
Parce que la tech moderne, lustrée, rationalisée, a gagné en confort ce qu'elle a perdu en présence. Aujourd'hui, les appareils s'effacent ; hier, ils affirmaient quelque chose. Ils parlaient. Ils grésillaient. Ils clignotaient. Ils se plantaient avec style. Ils existaient, bordel.
Je raconte cette époque-là : celle où l'on testait sans filet, où l'on bricolait sans permission, où l'on rêvait fort. Une histoire faite de tentatives bancales, de biscottes en plastique translucide, de puces capricieuses, de génies mal compris, de visions trop tôt, trop fort, trop fou — et tant pis si ça cassait.
Si tu crois que les machines peuvent être belles, vulnérables, vivantes même — si tu penses que l'innovation n'est pas seulement ce qu'on ajoute, mais surtout ce qu'on ose perdre — si tu en as marre de l'esthétique clean comme seule réponse possible — alors bienvenue.
Ici, on aime la tech quand elle était bancale, bruyante, excessive. Quand elle avait des idées pédagogiques complètement barrées. Et quand elle refusait de se faire oublier.
— Cosme Sorel